Un billet d’ Isabelle Morini-Bosc, journaliste (paru dans un
programme TV) qui m’a amusée et fait réfléchir. Son sujet : les émissions qui exploitent le filon improbable de l’orthographe !
Je vous en livre quelques extraits.
« Conjuguez avec moi : c’est ma faute, ma très
grande faute…C’est sa faute, sa très grande faute…C’est leur faute, leur très grande faute…Et ne battez pas votre coulpe, car il est seulement question de fautes…
d’orthographe.
Oui, mettons l’accent où
il manque, militons pour l’union et le trait allant avec, etc.
Quel rapport avec la télé, me direz-vous ?
Facile : la « tévé » qui cherche des concepts comme un
cochon doit débusquer la truffe redécouvre que le bon français et donc l’orthographe peuvent être vendeurs.
Elle remet donc les bœufs devant la charrue en adoptant le principe de
Lagardère « qui-va vers- ceux-qui-ne-vont pas-à-lui.»
Les jeunes ne vont pas vers l’orthographe, alors il faut que l’orthographe aille vers les jeunes.
D’où l’idée de créer un tournoi national pour des élèves de
5ème, aimant à priori autant « ça » que les enfants d’autrefois aimaient l’huile de ricin.
Avec des sélections partout en France soumettant chaque collégien à une
épreuve simple : épeler un mot tiré au sort. Même les ados pros du texto se sont pris au jeu.
La preuve sur France 3 dans
un excellent documentaire « Epelle-moi un mouton »…
Enfin l’orthographe n’a jamais été à si bonne école. Point final. D’audience, on
espère. »
Et oui, nos enfants en général ne sont pas doués en dictée et
font de grosses fautes mais ça ne s’améliore pas quand ils arrivent au bac et même en fac !
Alors on cherche les responsables, les méthodes
d’apprentissage, les instits bien sûr et les élèves qui ne savent plus apprendre…
C’est la faute aux jeux vidéo, aux textos, aux sms, ou à
Facebook ?
A notre époque ?
Peut-être que, tout simplement les jeunes ne voient pas trop
l’utilité pour communiquer de respecter des règles il faut le dire compliquées –ah ! Ces exceptions qui les confirment- Elles sont si nombreuses !!!
Difficiles d’expliquer toutes ces règles aux enfants du ce1 par
exemple, ma fille lucille, prof d'école en primaire pourrait vous en parler !
Alors pourquoi persister à apprendre toutes ces règles alors qu’il y a de bons correcteurs d’orthographe sur les ordis ! (Pas si bons que ça tout de même)
C’est vrai, après tout, pourquoi ne pas simplifier notre langue
écrite si complexe ?
Les
enfants d’aujourd’hui ont tellement d’autres choses à découvrir.
Passer tant de temps en classe pour leur bourrer la tête de règles si vite
oubliées !
J’ai toujours pensé
qu’on avait une sorte d’instinct de l’orthographe. Certains sont doués sans trop d’efforts, c’est comme si on « voyait » le mot correctement écrit, pour d’autres rien à faire, ça ne
rentre pas !
J’aime les mots, vous le savez et notre langue est riche et
belle. Mais je ne suis pas une puriste, après tout, faire des fautes ce n’est pas si grave !
On pourrait je pense, simplifier un peu la grammaire,
l’orthographe, par exemple supprimer les fameuses exceptions. Après tout, si on écrivait des chous, des bijous, comme on écrit des sous, des clous, ça changerait
quoi ?
Et la conjugaison, pourquoi
ne pas en finir avec ces temps du mode subjonctif que l’on emploie pratiquement plus jamais, comme le subjonctif passé, imparfait ou plus que parfait ?
Qui va dire aujourd’hui
« que j’écrivisse une lettre … Que je busse un verre d’eau ou que je payasse mes factures !!! »
Il ya des verbes particulièrement « terribles » comme
échoir, compliqué même au présent de l’indicatif ! il échoit ou il échet, au futur simple il échoira ou il
echerra !
Un autre qui n’est pas mal non plus, coudre au passé simple : je cousis, au conditionnel je coudrais et il y a 2 conditionnel passé 1ère forme et 2 ème forme !!
Voilà ce que j’ai trouvé en ouvrant au hasard le fameux « autre petit
livre rouge », le Bescherelle !!
La langue doit-elle évoluer avec son époque ? Elle est vivante et donc change !
L’idéal serait d’être un peu moins sévère sur l’orthographe
sans sacrifier notre belle langue.
Si les écrivains se mettaient à écrire sans aucune préoccupation de style et d'orthographe, je pense que nous serions déçus. Bien s'exprimer, c'est important.
J’adore les mots, j’adore écrire et je ne fais pas trop de
fautes. Je suis d’une génération où nous faisions beaucoup plus de dictées, jusqu’en 5 ème.
Mais on n’avait pas autant de centres d’intérêt. Nous étions moins sollicités et donc plus concentrés sur la langue écrite.
Par contre, je ne sais pas encore envoyer des messages avec mon
portable !! Je suis démunie devant les caprices de mon
ordinateur.
Les petits aujourd’hui sont
super dégourdis avec leurs manettes de jeu !
Le problème est difficile à résoudre
!
Comment préserver l’imagination, le rêve, la curiosité et l’enthousiasme des enfants ?
En leur donnant envie d’apprendre et de lire.
Si on lit, on enrichit son vocabulaire et on apprivoise l’écrit.
Si connaître les règles de grammaire ou d’orthographe ne les
branchent pas plus que ça et c’est assez normal non ? Il faut aborder la langue d’une manière plus attrayante.
Par exemple, le texte libre chez les plus jeunes, la
correspondance entre deux classes la création d’un journal au sein de l’école. Inventer des poèmes, des récits.
Leur faire découvrir les origines
de notre langue, leur montrer sa richesse.
D’ailleurs la littérature pour les enfants et les jeunes est
très riche et ils ont beaucoup de chance !
Dans le système scolaire, nous n’avons pas assez le choix. Si un enfant est passionné de musique, d’astronomie ou encore de poésie, s’il a envie d’apprendre l’italien, la danse ou le dessin il
devrait pouvoir le faire. A l’école et gratuitement surtout.
Plus d’options, moins de matières obligatoires, ce serait
vraiment un progrès.
Les inégalités
existent toujours.
Un enfant de famille
modeste est loin d’avoir les mêmes chances qu’un enfant de milieu aisé. On lit dans les magazines pour ados « Pour améliorer son anglais ou son allemand rien ne vaut un séjour linguistique
cet été. » Bien sûr, ça se paye et parfois très cher !
Les études longues sont trop souvent encore réservées aux jeunes de familles aisées.
Trop de pression dès le collège et pas assez de liberté
de choix pour les jeunes.
Par exemple mon fils a du mal en anglais et il a été obligé de
prendre une 2 ème langue en 4 ème, en l’occurrence, l’espagnol.
Maintenant il rame en anglais et en espagnol. Il aurait mieux valu qu’il puisse prendre anglais renforcé. Il vaut mieux se concentrer sur une
seule langue quand on n’est pas trop doué. Mais il n’a pas eu ce choix.
Il y aurait tant à dire sur notre système scolaire, tant à améliorer, mais pour cela il faut plus de personnel donc plus de moyens et surtout moins d’élèves par classe.
C'est la première réforme à faire !
Malheureusement, on ne prend pas ce chemin- là !!! Au contraire !
Qu’en pensez-vous ?
En ce qui concerne la langue française et notre système d’enseignement ?
Le débat est ouvert !