A nos parents...
Publié le 1 Décembre 2011
Il m'arrive souvent de penser à nos parents et de faire le triste constat que d'ici quelques années ils ne seront plus là. Je me sens alors triste et inquiète. J'appréhende cette nouvelle épreuve.
Je sais que nous avons déjà beaucoup de chance d'avoir nos parents qui sont toujours en couple et vivent encore chez eux .
Mais il est difficile de voir nos parents tellement âgés, fragiles, eux qui furent nos guides, nos soutiens.
Nous sommes partis vivre loin d'eux et j'ai parfois l'impression de les avoir abandonnés.
Il s'agissait pour nous, pour moi surtout, d'une question de survie. Un exil choisi pour tenter de reconstruire une vie ici, loin des ombres du passé.
Depuis , l'état de maman, atteinte de la maladie d'Alzheimer n'a cessé de décliner. Elle passe maintenant sa vie dans un lit, papa est auprès d'elle, veillant sur son bien-être au détriment de sa vie personnelle.
Ils sont à la maison, aidés au quotidien par deux jeunes auxiliaires de vie, et les infirmières passent matin et soir pour maman.
Quand je pense à eux, quand je passe quelques jours chez eux, je me sens coupable de ne pas en faire plus pour les aider mais je m'en sens incapable. Je regarde maman et je ne sais plus lire dans son regard bleu. Elle dort beaucoup. Elle ne peut plus marcher, manger, faire sa toilette sans aide.
Pourtant, il lui arrive encore de manifester de la joie quand elle me voit. Elle serre ma main, elle essaie vainement de me parler, elle sourit, veut m'embrasser. Et dans ces instants rares, je suis submergée d'émotion et mes larmes se mettent à couler, je ne peux pas m'arrêter de pleurer. Maman me reconnait malgré la maladie pendant ces brefs instants. Je les garde en moi comme des trésors secrets.
Il y a presque 10 ans le décès de mon fils l'a plongée dans la maladie. Pour se protéger peut-être, pour ne plus souffrir, elle a dérivé vers un monde inconnu, nous laissant seuls, désemparés...
Les parents de Chris vivent à Marseille et se débrouillent encore bien. Papi se rend au Vieux Port tous les matins, il prend le bus et le métro à 89 ans ! Il lui arrive d'aller au cinéma.
Mamie est toujours très active, elle a un téléphone portable, retrouve ses copines au loto l'aprés -midi et ils habitent un petit appartement au 5 ème étage sans ascenseur !
Vieillir est tout de même plus facile quand on a gardé son autonomie. Ils sont telllement gentils attentionnés avec nous. Mes beaux-parents sont toujours là pour nous, on peut partager nos joies nos soucis avec eux.
Quand nous n'aurons plus nos parents, nous nous sentirons perdus, nous ne serons plus le petit et la petite. Nous serons en première ligne et appréhendrons la vieillesse, la nôtre cette fois.
Un émouvant poème sur la maladie d'Alzheimer.
Ne m'oubliez pas quand vous quitterez ma mémoire
Vous viendrez me parler des couleurs de la vie
Quand pour moi images et visages sombreront dans le noir
Vous viendrez me donner encore l'envie
Ne pleurez pas quand mon regard vide ne répondra pas
Vous vous souviendrez des moments intimes à garder dans vos coeurs
Quand pour moi vous serez un inconnu qui m'ouvre ses bras
Vous pourrez par bonheur ôter mes pleurs et mes peurs
Ne vous éloignez pas quand malgré moi je m'en irai loin de vous
Vous saurez guider mes pas, encore rire avec moi
Quand pour moi le tu deviendra vous
Vous trouverez encore en vous la joie d'être avec moi...
Amph blog Je Poeme
La vieillesse Georges Moustaki
Viendra-t-elle comme une amie
Comme une dame aux cheveux blancs
À l'air paisible et souriant
Qui viendrait partager mes nuits
Ou comme l'ultime adversaire
Celle qui reste à vaincre encore
Avant de rencontrer la mort
Et de s'endormir sous la terre
Où et quand viendra-t-elle et comment sera-t-elle
En robe de velours ou vêtue de dentelle
Chargée de nostalgie ou porteuse d'ivresse
La vieillesse...
Les cerisiers Jean Ferrat
J'ai souvent pensé c'est loin la vieillesse
Mais tout doucement la vieillesse vient
Petit à petit par délicatesse
Pour ne pas froisser le vieux musicien
Si je suis trompé par sa politesse
Si je crois parfois qu'elle est encor
loin
Je voudrais surtout qu'avant
m'apparaisse
Ce dont je rêvais quand j'étais gamin
Ah qu'il vienne au moins le temps des
cerises
Avant de claquer sur mon tambourin
Avant que j'aie dû boucler mes valises
Et qu'on m'ait poussé dans le dernier train...
Et pour finir sur une note moins triste :
" Vos parents vieillissent jusqu'à un certain âge, où leur image se fige en votre mémoire.
Il suffit de fermer les yeux et de penser à eux pour les voir à jamais tels qu'ils étaient, comme si l'amour qu'on leur porte avait le pouvoir d'arrêter le temps."
Le voleur d'ombres. ( Marc Lévy )
Quand je pense à mon papa, je nous revois tous les deux jouer, rire, je me souviens de ces histoires qu'il inventait pour moi le soir . Je me revois danser dans la salle à manger et me blottir contre eux sur le canapé.
Nos parties de pêche à la Coudoulière, nos après-midi à Toulon avec maman . Nous prenions le bus vert et nous allions acheter du tissu ( maman était couturière ).
L' hiver nous dégustions les marrons chauds achetés au petit train sur la place de la liberté. L'été nous allions nous régaler d'une bonne glace. Des petits moments de complicité qui font une enfance heureuse...